Mission à l'hopital Gabriel Touré de Bamako du 17 au 24 mars 2012 : Les patients

 

En Mai 2011, nous avons reçu du Pr. Ouattara, Chef du Service d’urologie à l’Hôpital Gabriel Touré, le courrier ci-dessous :

Dossier médical d'Ibrahim Touré

Deux photos accompagnaient le courrier, illustrant l'état d'Ibrahim avant l'opération :

Ibrahim TouréSonde portée par Ibrahim en permanence


Le choix du lieu où opérer l'enfant s'est posé dans les termes suivants :

  • A Bamako, le cout moyen d’une opération et de l’hospitalisation, examens et soins, est seulement de l’ordre de 2 000€. Mais de très nombreuses pathologies sont inopérables là-bas, faute de matériel adapté, et donc, d’expérience des chirurgiens.
  • En France, les techniques chirurgicales les plus complexes sont maîtrisées, comme par exemple dans le cas de l'extrophie vésicale d'Aïssata (opérée au CHU de Rennes en septembre 2010). Mais hélas, le budget par enfant est extrêmement lourd pour l’association, et de telles prises en charges ne peuvent être que peu nombreuses.

S’agissant d’Ibrahim, les médecins membres des Cerfs-volants de Goulven ont estimé possible de l’opérer dans son pays, à condition de pouvoir intervenir par endoscopie. Nous avons donc réfléchi à l’acquisition par l’association du matériel chirurgical qui permettrait de rendre le sourire à cet enfant… et à d’autres.

Grâce au soutien des 197 donateurs qui nous ont rejoints en 2011, les Cerfs-volants de Goulven ont pu acheter auprès des fabricants allemands une unité centrale d'électrochirurgie et un ensemble complet de matériel d'uro-endoscopie pédiatrique. Ce matériel, de qualité comparable à celui utilisé dans toute l'Europe, n'existait pas au Mali, et constitue donc une avancée technologique inespérée pour les praticiens. 

Sollicités par le Dr. Bernard Charton, chirurgien quimpérois en retraite et membre actif de l'association, le Dr. Yves Coadou, chirurgien-urologue, ainsi que le Dr. Frédéric Renault, anesthésiste-réanimateur et vice-président des Cerfs-volants de Goulven, exerçant tous deux à la clinique de Kerjestin à Quimper, ont accepté d'effectuer une mission à l'hôpital Gabriel Touré de Bamako, du 17 au 24 mars 2012.

Le but de la mission a été de convoyer le matériel, d'en effectuer l'installation, de former à son utilisation les praticiens hospitaliers de Bamako et, à titre de première, d'opérer immédiatement, avec le Pr. Ouattara et le Dr. Moumine Diarra, le petit Ibrahim, ainsi qu'un autre enfant, Oumar MARIKO, 7 ans, porteur de la même pathologie. D'autres personnes ont pu bénéficier de la présence des deux médecins pour se faire opérer.

Voici le cas de chacune des personnes opérées par les médecins français au cours de la mission :

Ibrahim et son père

 Ibrahim TOURE a 9 ans. Il vit à Bamako, où son père, Assenouf, est imam. Sa mère ne travaille pas ; il a 2 frères et 2 sœurs. En 2007, il a été renversé par une voiture. Il en est résulté un rétrécissement de l’urètre, entrainant une impossibilité totale d’uriner. Après avoir été opéré en vain 5 fois, Ibrahim vivait depuis quatre ans avec une sonde sus-pubienne permanente. Son cas est à l’origine de l’organisation de la mission. Il a été opéré le 20 mars par les Drs. Y. Coadou et F.Renault ; et le 30 Mars, le Dr.Moumine Diarra nous faisait savoir que l’enfant avait retrouvé une fonction urinaire normale .Mais cela n’a malheureusement duré que quelques jours, et une intervention complémentaire s’est rapidement avérée nécessaire. Ce geste ne pouvant être réalisé avec succès à Bamako, le petit Ibrahim fera donc lui aussi un séjour en France en compagnie de Salif, en Octobre 2012 (lire le dossier : "Les enfants opérés en 2012").

 

Oumar et sa grand-mère

Oumar MARIKO a 8 ans. Il est aussi souriant que turbulent. Il habite près de Kayes où son père est instituteur dans un petit village ; il a une sœur plus âgée et un frère. Après avoir, en 2008, reçu une brique pleine sur le ventre, il souffrait exactement de la même pathologie qu’Ibrahim. Lui aussi, avait été opéré 5 fois vainement, et était sondé en permanence. De plus, il se plaignait de fortes douleurs. Quand il vient se faire soigner à Bamako, l’enfant vit chez sa grand-mère, Kadidjatou DIALLO, femme énergique, au verbe haut. Oumar a été opéré le même jour qu’Ibrahim. Mais, lui, a eu de la chance : après une cicatrisation au départ un peu longue,  il a retrouvé durablement une fonction urinaire normale, et vit maintenant librement, sans sonde. A titre de surveillance, il passe régulièrement à l’hôpital pour des dilatations préventives, effectuées par le Dr. Diarra. Pour plus de nouvelles sur Oumar, lire le dossier : "Les enfants opérés en 2012".


Un patient âgéUn patient âgéBakary DANSOKO, un instituteur de 46 ans

Les deux hommes âgés, ci-dessus, ont également eu la chance de croiser les deux médecins de la mission. Le premier (48 kg !) souffrait d’un adénome de la prostate. Opéré le 21 Mars, il s’est remis rapidement, et, selon le Dr. Diarra, « il est dans la nature ». Le second, âgé de 73 ans, présentait aussi un rétrécissement de l’urètre. Il va bien également, et n’a plus de sonde.

Le dernier adulte, Bakary DANSOKO, 46 ans, instituteur à Kita, avait la même pathologie. Personnage sympathique, pratiquant un français châtié, il était « enchanté et honoré » d’être opéré... le 21 Mars. Le début du coup d’état a hélas annulé l’opération. Mais l’intervention a depuis lors été réalisée avec succès, par les Drs. Coulibaly et Diarra, guidés à distance par le Dr. Coadou. Lui aussi va bien, et passe de temps à autres « dire bonjour » à l’Hôpital.

 

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Enfin, le Dr.Moumine DIARRA, dorénavant surnommé par ses confrères le « Toubabou kê »(le médecin blanc), utilise lui-même cette semaine pour la première fois le matériel d’endoscopie fourni par l’association, pour opérer une adolescente de 15 ans d’un polype vésical. Et, selon l’interne présent… « On se serait cru dans le désert, tellement c’est net… » !

Mis à jour le 19 avril 2012